Chypre, d’un point de vue structurel, n’est ni la Grèce ni l’Irlande. Dissimulations de l’état réel des finances publiques et dépassement des capacités d’emprunt ont eu tôt fait de pousser la Grèce à réclamer l’aide international. En Irlande, c’est le secteur bancaire, qui doit a priori ingurgiter jusqu’à 35 milliards d’euros d’aide, qui a eu raison du miracle économique des années 90 et 2000. A Chyre, c’est le poids structurellement trop important des services publics, ce qui rappelle un peu la situation grecque à ce niveau, la complaisance fiscale et l’indécision politique qui sont à l’origine de la crise actuelle.
Pour l’instant, une aide de l’UE n’est pas à l’ordre du jour, à condition que le pays s’oriente significativement sur la voie des réformes. Le déficit, cette année, est attendu en léger repli à 6% mais demeure extrêmement important et pèse sur la dynamique économique.
Le problème est que le gouvernement semble hésitant à réduire les dépenses, comme en témoignent les nombreuses discussions autour d’une réduction des salaires des fonctionnaires. En fait, il privilégie pour le moment une augmentation des impôts ce qui n’est clairement pas la voie à suivre pour aboutir à une dette publique et à un déficit soutenables.
L’économie chypriote, très dépendante du tourisme et de l’immobilier, pourrait afficher une croissance atone de 1% cette année selon les dernières estimations du gouvernement. Toutefois, il n’y a pas de quoi se réjouir et, si une demande d’aide de Nicosie advenait, bien qu’il n’ait pas réellement de risque énorme pour la zone euro, la contagion de la crise irlandaise serait du moins confirmée avec un sauvetage de l’île.