Afin de rendre hommage au génie de Steve Jobs, figure marquante des trente dernières années qui a révolutionné le monde dans lequel nous évoluons au quotidien, nous vous proposons aujourd’hui de lire ou relire l’éditorial écrit en juillet dernier par notre rédacteur en chef, Christopher Dembik, sur Apple et son ex-patron. Merci Steve Jobs!
Profitant de la chute des valeurs pétrolières dans la foulée de la dégradation de la note souveraine des Etas-Unis, le géant américain de l’informatique Apple a brièvement dépassé au cours de la semaine dernière la capitalisation boursière d’ExxonMobil, devenant ainsi la société la plus chère de la planète, avec près de 340 milliards de dollars.
Au même moment, à l’ombre de la crise boursière, une décision de justice a eu relativement peu d’écho dans les médias. Une cour de Dusseldorf a en effet interdit, au moins temporairement, à la firme asiatique Samsung de commercialiser sa nouvelle tablette numérique, Galaxy Tab 10.1. Cette décision est valable, jusqu’à nouvel ordre, dans toute l’Europe, à l’exception des Pays Bas où une procédure similaire spécifique est en cours. Elle n’est pas sans rappeler ce qui s’est passé il y a seulement quelques semaines en Australie.
Nouvel épisode dans la bataille que livre Apple pour conserver sa position dominante sur le marché des tablettes numériques. Rien de nouveau pour la société de Palo Alto qui occupe une position de quasi monopole sur plusieurs créneaux, notamment sur le marché des ordinateurs de plus de 1000 dollars aux Etats-Unis ou encore sur celui des smartphones avec l’iPhone et l’App Store.
Contrairement à l’UE, qui a habituellement une approche particulièrement dogmatique en matière de concurrence, une situation de monopole n’est pas mauvaise par essence. Il suffit de relire Schumpeter pour s’en rendre compte. En effet, la situation de monopole de la firme Apple est, du point de vue de la pensée de l’économiste autrichien, normale, étant appréhendée comme la juste rétribution du risque pris par l’entrepreneur innovateur Steve Jobs.
Au demeurant, les surprofits engendrés sur certains créneaux technologiques par Apple ont permis, au cours des dernières années, à l’entreprise de réaliser des investissements importants afin de continuer son processus d’innovation, créant ainsi des externalités positives en termes d’effet d’entrainement sur d’autres secteurs économiques.
Cependant, les situations de monopole ou de quasi-monopole, dans un monde économique parfait, ne sont pas éternelles du fait du jeu de la concurrence. Les tentatives, pour l’instant infructueuses, de Samsung d’imposer sur le marché sa tablette numérique, en sont le parfait exemple.
Seul recours pour Apple, jouer la guerre des brevets qui semble, jusqu’à présent, avantager Steve Jobs et ses équipes. Mais pour combien de temps encore car, inévitablement, la concurrence, avec ou sans l’aide de la Commission Européenne, reprendra le dessus. Il restera alors à Steves Jobs, ou à un autre, d’enclencher le processus de destruction créatrice cher à Schumpeter.
Et de dire merci à l’ancien membre des Studios Pixar.