Dans notre dernier papier consacré à la crise en Espagne, nous mettions en lumière les principaux défis que va rencontrer le prochain gouvernement espagnol, à savoir gérer une croissance molle peu génératrice d’emplois et s’atteler aux crédits hypothécaires qui minent encore l’activité économique.
Parmi les autres défis, mis en avant sans équivoque au cours du mois d’octobre par l’agence de notation financière, Moody’s, il convient de mentionner la dette des régions. L’agence a, en effet, clairement lié lors de la dernière dégradation de la note souveraine de l’Espagne, celle-ci au poids de la dette de certaines régions.
Certaines régions n’ont déjà plus, depuis longtemps, la confiance des marchés. Ainsi, si l’Espagne emprunte en moyenne à 375 points de base de plus que l’Allemagne sur cinq ans, c’est à 575 points de base de plus que la première économie de la zone euro que la Catalogne, plus grande région d’Espagne, emprunte sur les marchés financiers.
Présenté déjà comme le grand vainqueur des élections du 20 novembre, le Partido Popular (PP) dirigé par Mariano Rajoy, a décidé de s’attaquer à ce problème en proposant, d’après son programme électoral, la plus grande refonde du régionalisme espagnol depuis près de trente ans en visant à rationaliser la bureaucratie et à réduire les dépenses. C’est un “nouveau modèle d’administration” qui est proposé, visant à éviter les doublons entre les administrations locales, régionales et centrales. Parmi les chantiers évoqués, une refonte du système de financement des régions, la multiplication des partenariats public-privé, un meilleur contrôle des dépenses d’éducation et de santé, ou encore la fusion des petites municipalités.
L’objectif de cette réforme est double: regagner la confiance des marchés et des agences de notation financière, en ayant une note meilleure de la part des agences, alors qu’elle est maintenant au niveau de celle de l’Estonie, et aussi pouvoir utiliser les fonds économisés pour enfin lutter contre un chômage qui atteint des niveaux historiques. La tâche va s’avérer difficile pour le nouveau gouvernement PP.