En pleine primaire pour obtenir l’investiture républicaine, le débat tourne évidemment, aussi, sur une nouvelle réforme du secteur bancaire américain alors que la loi Dodd-Frank, qui avait prétendument pour objectif de mettre à genoux les banques américaines, comme le souhaitait le président Obama, se révèle insuffisante.
C’est Jon Huntsman (ci-contre), un inconnu de ce côté-ci de l’Atlantique, qui a lancé la nouvelle salve contre les banques américaines “too big to fail”, comme Bank of America ou encore Goldman Sachs. Ancien ambassadeur américain en Chine, le républicain, qui a collaboré avec l’administration Obama, brigue l’investiture républicaine. Ayant reçu le soutien officiel du très sérieux Wall Street Journal pour sa proposition de réforme fiscale, le candidat a dévoilé il y a peu une réforme bancaire radicale qui vise à faire disparaître les banques “too big to fail”.
Cela aurait pour conséquence un démantèlement des principales banques américaines, afin d’éviter un risque systémique, comme cela a pu se produire avec les cas de Citigroup ou de Lehman Brothers il y a quelques années.
Les principales lignes de son projet de réforme tiennent du bon sens. Il envisage ainsi:
– de fixer un plafond strict pour la taille des banques en fonction du montant que représentent les actifs en leur possession en termes de pourcentage du PIB
– d’établir un plafond semblable concernant la capacité d’emprunt des banques, toujours en fonction du PIB
– d’imposer une taxe sur les banques dont la taille dépasse un certain pourcentage du PIB afin de couvrir le coût éventuel d’un plan de sauvetage gouvernemental
– de renforcer les exigences en capital, bien au-delà des exigences de Bâle III
L’intérêt de la pensée de Jon Huntsman est d’évaluer le coût que fait porter chaque banque à l’économie en fonction de ce que tous ses actifs représentent en termes de PIB. L’intérêt de cette démarche n’est pas, en soi, d’éviter de nouveaux plans de sauvetage mais de faire supporter directement aux banques, par anticipation, ce coût éventuel.
C’est une démarche qui, dans l’absolu, pourrait aussi avoir son intérêt en Europe et en France, dans le cas de certaines banques bien que le débat sur une réforme du secteur bancaire en Europe soit au point mort.