Alors que l’actualité financière est dictée depuis de nombreux mois par les agences de notation, S&P, Fitch et Moody’s en tête, de nombreuses interrogations ont été soulevées, récemment, sur le fonctionnement de ces agences. Nombreux sont les internautes, mais même les politiques européens dont certains dénoncent un complot américain contre l’Europe, qui s’interrogent sur l’impartialité et les intérêts des agences. Qui sont-elles réellement ? Que cachent-t-elles ? Quelle légitimité peut-on leur reconnaître?
De récentes informations diffusées sur le Web concernant les actionnaires principaux de ces agences font le buzz depuis quelques semaines, faisant l’objet de nombreuses discussions sur les forums boursiers.
Le documentaire “Inside Job” (sortie en 2010) avait déja lancé la pierre sur ces institutions, démasquant, non pas des conflits d’interêt ni même une entente mais, pire, une réelle manipulation de ces dernières.
En regardant de près la liste des actionnaires des trois grandes agences de Ratings citée plus haut, les conflits d’intérêt mis en avant par certains apparaissent de manière aigue.
Principaux actionnaires | |
Moody’s | Berkshire Hathaway Capital World Investors Vanguard Group Inc State Street Corporation |
Fitch | Fimalac (60%) qui appartient au français Marc Ladreit de Lacharrière Hearst, groupe de médias américain (40%) |
Standard & Poor’s | Filiale de McGraw-Hill dont les principaux actionnaires sont: State Street Corporation Vanguard Group Inc Capital World Investors BlackRock Institutional Trust Company |
On constate notamment que les actionnaires de Moody’s sont, peu ou prou, les mêmes que ceux de S&P.
Mais ce n’est pas tout puisque des liens très étroits unissent ces actionnaires et certaines grandes institutions bancaires mondiales. En est-il ainsi de State Street Corporation, de Vanguard Group Inc ou encore de Capital World Investors qui sont des actionnaires très importants des banques JPMorgan Chase et Goldman Sachs. Ces mêmes groupes sont également présents, aux côtés de Berkshire Hathaway ou de BlackRock Institutional Trust Compagny, dans le capital de Wells Fargo. Rappelons que ces banques, notamment Goldman Sachs, sont justement à l’origine des CDS (Credit Default Swaps), principaux acteurs de la crise financière.
Il n’y a qu’un pas à franchir pour parler de complot américain ou de contrôle des agences de notation par certaines banques de Wall Street. Un pas que nous ne franchirons pas, contrairement à d’autres, mais ces liens soulèvent de nombreuses questions et un effort de transparence important de la part des agences sur leur fonctionnement et leur financement est nécessaire pour qu’elles retrouvent leur crédibilité et puissent accomplir leur tâche au sein du système financier mondial, tâche qui, rappelons-le, est cruciale.