Bonjour Florent! Depuis janvier, nous oscillons entre optimisme et pessimisme sur les marchés financiers. Comment voyez-vous les prochains mois pour la zone euro alors que certains prétendent déjà que le Portugal sera la deuxième Grèce?
Bonjour! Je dois vous dire que depuis le début de l’année je n’ai pas beaucoup vu, voir pas du tout vu, le côté pessimiste du marché. J’ai plutôt le sentiment que nous sommes devant un marché d’optimiste béat.
Les mauvaises nouvelles auxquelles le marché doit faire face, et elles sont nombreuses, ne semblent pas avoir de prise sur ce dernier : le dossier de la dette grecque; la révision à la baisse des perspectives de croissance en Europe, aux Etats-Unis ainsi qu’au Japon en attendant celles des pays émergeants; le chômage de longue durée qui s’installe aux Etats-Unis et en Europe; la mise en place de plans de rigueur drastiques en Europe en attendant ceux des Etats-Unis; sans parler de la situation géopolitique où une déstabilisation majeure du Proche et du Moyen Orient est à l’œuvre, poussant le baril de pétrole à la hausse (+12% depuis le début de l’année).
Non décidément ce début d’année ressemble à s’y méprendre à celui de l’année dernière, où les éternels optimistes nous annonçaient un CAC à 4500 pour la fin de l’année 2011.
Pour ma part, je crains que l’année 2012 soit dans la continuité de l’année 2011, et pour une bonne raison, on ne sort pas d’une crise de surendettement en 3 ou 4 années. J’estime que la crise est encore en plein développement et n’a pas atteint son pic à partir duquel une amélioration graduelle pourra être observée.
Nous sommes encore loin d’avoir réglé la note de 30 ans de vie à crédit, conséquence d’une désindustrialisation massive et d’une économie branchée sur le seul moteur de la consommation des ménages.
Pour ce qui est du dossier portugais, un plan de 78 milliards d’euros, signé en mai 2011, lui assure les liquidités nécessaires pour faire face à ces engagements jusqu’en 2013.Dans ce dossier comme dans d’autres, on cherche à gagner du temps, en attendant le retour hypothétique de la croissance. Mais, et on l’a trop souvent vu par le passé, la croissance ne se décrète pas car l’activité économique a besoin d’une situation stable ainsi que de la confiance des agents économiques en l’avenir.