Avec la multiplication des scandales boursiers, notamment en période de crise économique, avec les cas par exemple du trader Fabrice Tourre de Goldman Sachs qui s’est retrouvé au centre d’une vaste enquête sur les fraudes de la banque, ou de Kweku Adoboli responsable d’une fraude de 1.5 milliard d’euros chez UBS, l’image que se fait l’opinion publique française des traders s’est considérablement détériorée.
Les traders, surtout en France, sont présentés comme l’un des maux de la crise financière. Avec un ou deux cas spécifiques, comme celui de Jerôme Kerviel, la classe politique s’est fait fort de stigmatiser l’ensemble d’une profession alors que seulement 1 ou 2% des traders sont des rogue traders (traders voyous). C’est aussi absurde que d’accuser l’ensemble des pilotes d’avion pour une faute commise par un seul qui aurait conduit à un accident tragique.
Beaucoup de faux-semblants circulent sur ce métier. Les médias n’ont évidemment pas arrangé la situation.
On fait très facilement circuler l’image du trader qui spécule sur les matières premières et affame ainsi les populations d’Afrique ou celui qui “joue” avec l’argent de la banque et les économies des clients sur les marchés financiers. Autant cette image est fausse et ne traduit pas le grand sens de la responsabilité et le professionnalisme des traders, autant elle ne fait pas la distinction, pour le grand public, entre les différents corps de métier qui composent cette profession. On parle beaucoup du trader dans les médias mais peu de gens connaissent le quotidien d’un trader et font la distinction entre les traders arbitragistes, les traders spéculatifs, les “quants”, les structureurs ou tous les autres métiers possibles dans cette profession.
Surtout, l’image du trader millionnaire, qui remonte aux années 80, et qui a pris de l’ampleur avec les bonus astronomiques déversés ces dernières années, est dominante. Cependant, seulement 1% ou 2% des traders gagnent réellement des millions par an. Les autres ont des salaires qui sont beaucoup plus proches du quotidien des français. Ainsi, Jérôme Kerviel touchait un salaire annuel d’environ 50 000 euros ce qui n’est pas astronomique quand on sait le stress que doit supporter un trader et ses responsabilités. C’est loin du salaire de certains membres du gouvernement ou du Parlement…Certes, il touchait des bonus de 40 000 euros environ par an mais cette somme fluctuait d’une année sur l’autre en fonction des résultats et, surtout, constitue souvent une juste redistribution en faveur des salariés des profits souvent importants qu’ils ont permis à la banque de faire. Personne n’est scandalisé par les salaires à cinq ou six zéros de certains joueurs de football ou de certaines célébrités qui, tout comme les traders, ne contribuent pas davantage à l’économie réelle.
Les premiers à clouer au pilori cette profession sont justement les politiques qui, au regard des revenus de certains, devraient s’interroger sur leur propre train de vie avant de s’attaquer aux salaires et bonus des traders. Pire, ce sont justement ces politiques qui essaient de réglementer la finance, de la rendre plus vertueuse alors qu’ils n’ont aucune connaissance, même lointaine, de ce milieu, et parfois de la réalité du marché du travail.
Les traders apparaissent, ainsi, comme des boucs-émissaires d’une crise qu’ils ont, pour la plupart, subi et non causé…