Samedi dernier, le Master “Affaires européennes” de Sciences-Po Paris organisait un grand évènement sur le thème de l’Europe et de la crise. Parmi les intervenants, le commissaire européen Michel Barnier, l’ancien gouverneur de la BCE et actuel gouverneur honoraire de la BdF Jean Claude Trichet, mais aussi Franziska Brantner, membre allemand du Parlement européen ou encore Tomasz Orlowski, ambassadeur de Pologne en France. La Rédaction de forex.fr était présente.
A l’inverse de ce que les français, et a fortiori les européens, peuvent entendre régulièrement sur les ondes, les débats qui ont eu lieu pendant plusieurs heures au 27 rue Saint Guillaume étaient d’un haut niveau. Rien de surprenant à en juger par les hautes personnalités invitées. Ainsi, contrairement à ce qu’on peut entendre régulièrement sur les chaînes de télévision et malheureusement aussi dans la presse économique, le débat n’a pas tourné autour d’une crise de l’euro (sous-entendu la monnaie), qui n’est nullement en crise, mais sur la crise réelle de la construction européenne.
Ce que nous avons retenu de ces débats, c’est que la majorité des participants a plaidé en faveur de davantage de fédéralisme. Plaidoyer en faveur des fameux eurobonds de la part de Franziska Brantner, proposition de création d’un président de l’UE qui serait président du Conseil Européen et de la Commission par Michel Barnier, ou encore mise en place d’un Secrétariat au Trésor pour Philippe Herzog, les propositions furent nombreuses. Pour la plupart, rien de révolutionnaire. En effet, la question des eurobonds ne cesse d’être discutée, celle d’un budget européen plus conséquent est récurrente, tout comme celle d’une Commission avec plus de pouvoir.
L’intérêt de ces débats, qui ont réuni des européens convaincus, c’est qu’ils ont permis de montrer un autre aspect de la crise, un aspect plus institutionnel. Ces différents intervenants, dont certains se sont rangés sans ambiguité du côté du fédéralisme, à l’instar de l’ambassadeur polonais en France, considèrent que la crise de la zone euro est aussi une crise de gouvernance. Ce que personne ne peut nier. Si Michel Barnier, au début de son intervention, s’est félicité des nombreux instruments de gouvernance mis en place pour faire face à la crise, nombreux sont ceux qui ont souligné que si l’Europe veut aller de l’avant, un approfondissement économique et surtout politique, est obligatoire.
Aussi, dire la vérité aux citoyens sur cette crise est nécessaire. C’est ce qu’a plaidé Franziska Brantner en déclarant: “En Allemagne ainsi qu’en France, nous devons dire la vérité aux citoyens. Beaucoup de mensonges ont été dits au sujet de la crise” (“In Germany as well as in France we need to tell the truth to the people. Many lies have been told about the crisis“). A en juger par l’évolution de la campagne présidentielle française qui, à bon compte, impute une partie de la crise aux immigrés, on peut douter fortement que les sages paroles de Franziska Brantner aient porté jusqu’au 55 rue du Faubourg Saint-Honoré.