Les ministres des Finances de la zone euro, réunis lundi à Bruxelles, ont donné leur feu vert à un deuxième plan d’aide à la Grèce. Le pays a, au demeurant, brillamment réussi la restructuration de sa dette en fin de semaine dernière. Une nouvelle ère semble désormais s’ouvrir, peut-être pas pour la Grèce, qui va encore devoir faire de nombreux sacrifices, mais au moins pour la zone euro. Pour preuve, les tensions de fin 2011 sur le marché obligataire n’existent plus et, surtout, la crise de la dette européenne n’est plus le centre de toutes les attentions sur les marchés financiers.
L’Europe est sauvée, mais à quel prix! En effet, la Grèce est entrée, depuis déjà deux ans, dans un cercle infernal qui la conduit à la récession. Quelques chiffres suffisent pour comprendre à quel point la situation de la population grecque est grave: selon Markit, en février dernier, la production industrielle a connu sa plus forte chute mensuelle depuis 13 ans alors que l’indice a atteint son 30ème mois consécutif de repli. Le PIB ne s’en sort évidemment pas mieux et la situation ne peut en définitive que s’empirer puisque les dernières mesures d’austérité ont été votées seulement fin février.
Surtout, le deuxième plan d’aide ne devrait pas améliorer la situation, du moins à en croire une publication d’Open Europe, un des nombreux think tank établi à Bruxelles. Selon lui, le deuxième plan d’aide qui va être mis en marché “sera mauvais pour la Grèce et mauvais pour les contribuables européens“. Chiffres à l’appui, le think tank démontre ainsi que les coupes budgétaires demandées à Athènes sont irréalistes. D’ici à fin 2013, c’est une baisse de 20% des dépenses budgétaires qui est demandé. A titre de comparaison, écrit Open Europe, “le montant cumulé des coupes budgétaires opérées en Irlande dans les années 80 et 90 a atteint 10.6%“, sachant que le pays disposait de l’arme efficace de la dévaluation, ce que n’a pas Athènes.
Pour le contribuable européen, la situation est tout aussi impossible car, une fois que les sommes du deuxième plan d’aide auront été déboursées, la dette grecque appartiendra à 85% à des institutions publiques…financées par les contribuables. Or, tout le monde ou presque a conscience que la Grèce ne sera jamais en mesure de rembourser. Pire, on s’attend désormais à un troisième plan d’aide qui pourrait intervenir d’ici 2015.
Dans tous les cas, la situation ne peut que s’empirer car, même si la Grèce obéit en bon soldat et affame sa population, l’endettement du pays devrait encore représenter 90% du PIB en 2030 selon des projections très optimistes de la Troïka. Projections qui ont évidemment peu de chances de se réaliser.