Les cambistes attendaient depuis plusieurs jours les premiers échanges directs entre yuan et yen sur le marché suite à l’accord entre Tokyo et Pékin. Jusqu’à présent, il n’était pas possible aux investisseurs d’effectuer cette opération, à moins de passer par l’intermédiaire du dollar américain.
Les premiers échanges ont eu lieu à la Bourse de Tokyo puis quelques heures plus tard à la Bourse de Shanghai. La quiétude était au rendez-vous puisque les premières cotations réalisées par les grandes institutions bancaires de l’archipel nippon ont abouti à une stabilisation du taux de change entre les deux monnaies, à environ un yuan pour 12.335 yens, soit le niveau de la veille.
A Shanghai, principale place boursière chinoise, le yuan évoluera vis à vis de la monnaie japonaise au sein d’une bande de fluctuation de +/-3% par rapport à un cours pivot fixé quotidiennement par la banque centrale chinoise. Cette méthode est notamment déjà utilisée par les autorités pour le cours de l’USDCNY.
Ces premières opérations entre le yuan et le yen constituent incontestablement un succès pour la Chine qui cherche depuis plusieurs années à passer outre le dollar, une monnaie considérée comme erratique par les autorités chinoises. Surtout, c’est un succès en politique étrangère puisque cet accord constitue une nouvelle étape cruciale dans l’internationalisation du yuan et va permettre à la Chine d’avancer son agenda visant notamment à créer une immense zone de libre-échange dans sa région, qui intègrerait notamment le Japon, mais exclurait les Etats-Unis, pourtant partenaire commercial naturel de nombreux pays de l’Asie de l’Est.
Pour l’instant, le yuan n’est pas une monnaie échangeable contre toutes les devises forex. Seules sept monnaies dont l’euro ou encore le dollar australien peuvent être échangés contre le yuan, mais en passant par l’intermédiaire du dollar américain.
Nombreux étaient ce matin les investisseurs du marché des changes qui s’interrogeaient sur les répercussions éventuelles de cet accord sur le taux de change du dollar américain, notamment vis à vis du yen. Pour l’instant, pas de remous particuliers, les traders semblent plutôt voir d’un bon oeil cette nouvelle.