L’Espagne, cinquième économie de l’Union européenne et huitième puissance économique mondiale, traverse actuellement l’une des périodes les plus noires de son histoire économique; petit rappel sur les origines de cette crise.
L’éclatement de la bulle immobilière: épicentre de la crise
De 1999 à début 2008, l’économie espagnole était caractérisée par une croissance des prix de l’immobilier bien supérieure à la croissance de l’indice des prix à la consommation. Si cet engouement pour l’immobilier fait qu’aujourd’hui près de 80% des espagnols sont propriétaires, il a surtout conduit à la formation d’une bulle immobilière sans précédent pour le pays! Durant la période 2001-2005, la dette financière des ménages, le plus souvent empruntée à taux variables, augmentait ainsi de 25% par an. Il est évident que cette situation ne pouvait pas durer, lorsque le marché est arrivé à saturation, l’éclatement de la bulle était inévitable…
De la crise immobilière à la crise économique et financière actuelle
La crise économique revêt aujourd’hui trois dimensions principales.
La première d’entre elles est budgétaire, la politique inappropriée de dépenses publiques menée pour lutter contre les premiers signes de la crise associée à une chute vertigineuse des recettes publiques ont mené le pays vers un endettement profond. Qui plus est, le pays souffre d’un déficit commercial abyssal entrainant un déséquilibre croissant dans sa balande du compte courant. Ces difficultés budgétaires expliquent en partie les difficultés que rencontre aujourd’hui l’Espagne pour se financer sur les marchés et la nécessite pour l’Europe de lui venir en aide.
La deuxième dimension est quant à elle financière, parfaitement illustrée par les difficultés financières rencontrées par Bankia. Fortement affectées par l’éclatement de la bulle immobilière, les banques espagnoles, peu regardantes pour prêter aux ménages au début des années 2000, se retrouvent aujourd’hui en difficulté. Le travail de recapitalisation et d’assainissement de leurs bilans qu’elles avaient commencé est loin d’être achevé, les problèmes hérités des années 2000 sont encore bien présents…
La troisième dimension est celle de la crise institutionnelle qui se manifeste par l’endettement exorbitant des Communautés autonomes et les nombreuses affaires de corruption dont souffre le pays. Les origines de cette crise ne se trouvent pas forcément dans l’état des Communautés espagnoles mais plutôt dans le manque de transparence et d’efficacité de ces entités. Fondées sur le modèle de l’Etat central, elles souffrent aujourd’hui des mêmes difficultés de financement.
Dans ce contexte, l’aide accordée par l’Europe pourrait aider le pays à corriger ses erreurs passées. Comme nous l’avons vu, le dérapage de l’économie espagnole s’est fait en plusieurs temps et possède des origines multiples, retrouver le chemin de la stabilité prendra du temps…