Risque politique et banques centrales ont mené la danse sur le forex cette semaine
Pour comprendre l’évolution du marché des changes cette semaine, tout cambiste aurait intérêt à lire ou relire l’ouvrage de Ian Bremmer et de Preston Keat, “The Fat Tail: The Power of Political Knowledge in an Uncertain World“, qui détaille l’influence du risque politique sur l’économie et notamment sur les marchés financiers.
Les responsables européens, notamment français, se sont plaints ces dernières semaines de la prétendue surévaluation de l’euro. Elle n’aura pas résisté à un regain d’aversion au risque qui est lié directement à la résurgence du risque politique dans la zone euro. Face à un gouvernement espagnol englué dans un massif scandale de corruption qui n’épargne même pas le Premier ministre, et face à des élections en Italie qui se profilent et qui pourraient permettre à Silvio Berlusconi de jouer de nouveau un rôle clef, les cambistes ont joué la prudence.
Le coup de massue pour l’euro a été donné par le chef de la Banque Centrale Européenne (BCE) jeudi lors de sa traditionnelle conférence de presse faisant suite au maintien du statu quo monétaire. Comme à son habitude, Mario Draghi a tenu un discours consensuel, peu encourageant sur les perspectives de la zone euro. Il a par ailleurs déclaré, en réponse au président français, que l’appréciation récente de la monnaie unique est le signe d’un retour de confiance des investisseurs. On ne sait pas vraiment trop comment les investisseurs ont interprété ces propos mais ils ont en tout cas décidé de shorter encore plus l’euro lors de la séance de jeudi.
Hors eurozone, la situation du Royaume-Uni est toujours inquiétante d’un point de vue économique. Les chiffres tombés cette semaine sur la production industrielle et la production manufacturière ont beau rassuré, le risque de retour en récession du pays demeure. Surtout, contrairement à ses précédents propos, le futur gouverneur de la Banque d’Angleterre (BoE), Mark Carney, ne semble pas disposé à engager une petite révolution de la politique monétaire britannique puisqu’il a écarté lors de son audition devant le Parlement à Westminster un recours plus massif aux mesures d’assouplissement et un changement de l’objectif d’inflation par un objectif de PIB nominal. Le statu quo domine outre-Manche. D’ailleurs, la BoE a maintenu à l’issue de sa réunion de politique monétaire ses taux à 0.5% et son programme de rachats d’actifs.