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“J’aurais tendance à répondre que la guerre des devises est permanente…”

A l'occasion du SalonAT, notre équipe a rencontré Alexnadre Baradez, analyste marchés chez Saxo Banque, qui a accepté de répondre à quelques questions concernant l'évolution macroéconomique mondiale et ses répercussions sur les marchés financiers.

Quelles sont les conséquences à long terme des coupes budgétaires sur l'économie américaine?

Il y a plusieurs niveaux dans les coupes budgétaires américaines. Le premier a débuté en mars avec une coupe de 85 milliards de dollars pour l’année en cours, ces coupes vont s’étaler de mars à septembre et n’ont, dans un premier temps, pas impacté les marchés du fait de leurs tailles modestes par rapport au budget américain. Le 27 mars est la prochaine échéance: en effet, à cette date, les élus du Congrès devront avoir trouvé un accord sur une loi de financement permettant de couvrir les six derniers mois de l’année. Un échec des négociations et des coupes importantes pourraient avoir un impact non négligeable sur la croissance américaine. Il est donc impératif que les Etats-Unis se sortent de cette impasse. A court terme pour les marchés, les négociations sont aussi importantes que les coupes budgétaires en elles-mêmes.

Les marchés se souviennent encore de l’été 2011, date à laquelle l’agence de notation Standard and Poor’s a dégradé la note de la dette publique américaine en raison des risques politiques qui pesaient face aux enjeux du déficit budgétaire.

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A l’occasion du SalonAT, notre équipe a rencontré Alexnadre Baradez, analyste marchés chez Saxo Banque, qui a accepté de répondre à quelques questions concernant l’évolution macroéconomique mondiale et ses répercussions sur les marchés financiers.

Quelles sont les conséquences à long terme des coupes budgétaires sur l’économie américaine?

Il y a plusieurs niveaux dans les coupes budgétaires américaines. Le premier a débuté en mars avec une coupe de 85 milliards de dollars pour l’année en cours, ces coupes vont s’étaler de mars à septembre et n’ont, dans un premier temps, pas impacté les marchés du fait de leurs tailles modestes par rapport au budget américain. Le 27 mars est la prochaine échéance: en effet, à cette date, les élus du Congrès devront avoir trouvé un accord sur une loi de financement permettant de couvrir les six derniers mois de l’année. Un échec des négociations et des coupes importantes pourraient avoir un impact non négligeable sur la croissance américaine. Il est donc impératif que les Etats-Unis se sortent de cette impasse. A court terme pour les marchés, les négociations sont aussi importantes que les coupes budgétaires en elles-mêmes.

Les marchés se souviennent encore de l’été 2011, date à laquelle l’agence de notation Standard and Poor’s a dégradé la note de la dette publique américaine en raison des risques politiques qui pesaient face aux enjeux du déficit budgétaire.

Autre période importante: le mois de mai. Les négociations pour le relèvement du plafond de la dette en mai seront donc très importantes car légalement le plafond de la dette a été atteint fin 2012. Ces discussions entre Républicains et Démocrate créées à chaque fois de nombreuses turbulences sur les marchés. Si la situation reste inchangée, les prochaines coupes budgétaires seront de 109 milliards de dollars par an pendant les huit prochaines années. Des coupes fortes entraineront une contraction de l’économie et pourront freiner la dynamique de croissance des Etats-Unis. Même si la FED travaille à la relance de la croissance via une politique monétaire accommodante, le pouvoir d’effectuer les réformes structurelles et budgétaires appartient au Congrès. Ben Bernanke, président de la FED, a récemment confirmé le maintien du programme QE3 (assouplissement quantitatif) tant que le taux de chômage ne tombe pas à 6.5% de la population active. La croissance est soutenue par le développement de l’exploitation des matières premières (pétrole, gaz) qui permettent de s’approvisionner en énergie à faible coût. Si les réformes budgétaires ne sont pas appliquées brutalement à court terme mais au contraire étalées sur une durée moyenne, 2013 pourrait être une bonne année pour les Etats-Unis avec une croissance supérieure à 2%.

Que pensez-vous du combat d’opinions qui a actuellement lieu en Europe entre le maintien et le renforcement de l’austérité, et l’assouplissement de cette dernière afin de relever la croissance?

On assiste en ce moment à un tournant entre maintien des politiques d’austérité et relance de la croissance. La multiplication des réformes budgétaires en peu de temps ont des conséquences négatives sur l’économie européenne. Il est donc important de se demander s’il n’est pas possible de faire d’autres choix de réformes. En effet, de nombreux pays européens ont mis en œuvre d’importantes politiques de réforme en même temps entraînant mécaniquement une contraction de l’activité et une hausse du chômage. A court terme, la perte de compétitivité de la zone euro est flagrante même si l’impact positif des réformes ne se mesure pas sur quelques mois. C’est pour cela que la zone euro décroche face au reste du monde depuis deux ou trois ans et est actuellement en récession. Aujourd’hui, on observe une certaine inflexion dans les déclarations et les actions du FMI, de la Commission Européenne ou encore de l’Allemagne face à la nécessite de poursuivre sur la même cadence le rythme des réformes.

Cela se traduit concrètement par l’assouplissement des conditions de financement des pays fragiles (Irlande, Portugal) ou encore un report de quelques mois pour atteindre les objectifs de déficit. Le but d’accorder des délais supplémentaires étant de ne pas accroître la pression sur les pays fragiles en leur imposant trop de contraintes. Les élections qui auront lieu en Allemagne en octobre jouent également un rôle important dans le positionnement du pays face à la situation actuelle en Europe. Pour pouvoir envisager une réélection, la chancelière et sa majorité devront composer avec l’opposition, imposer un rythme de réformes trop rapide serait clairement négatif pour sa campagne. Pour encourager la croissance il est important de ne pas accroître le rythme des réformes. Elles devront être modérées dans le temps pour laisser de la place à une relance.

Pensez vous qu’il soit possible que l’Europe s’enfonce dans une nouvelle crise, par un effet de contagion de la situation à Chypre?

Les situations de l’Italie et de Chypre pèsent sur les marchés, mais la BCE soutient pour l’instant les marchés grâce à la mise en place de “pare feux” l’année dernière.

Les interventions de Mario Draghi et l’annonce de la mise en place du programme OMT (rachat d’obligations publiques sur le marché secondaire), ont permis une détente du risque favorisant la hausse des marchés. La BCE n’a donc pas forcément besoin d’agir pour avoir un impact positif sur les marchés, la dissuasion est toute aussi importante. Si la situation venait à se dégrader, elle pourrait déclencher ce programme, baisser ses taux, ou encore appliquer des taux négatifs ce qui obligerait les banques à réinjecter ces fonds dans l’économie.

Reste une autre option qui consiste à abaisser la qualité des collatéraux en échange de prêts, sachant qu’il est peu probable que la BCE mettent en place un nouveau LTRO après ceux de 2011 et 2012.

La situation en Europe n’est cependant pas critique, un retour de la croissance étant anticipé pour la fin de l’année 2013. Il est donc peut probable que la situation actuelle de Chypre contamine le reste de la zone euro même si cela pose à court terme un problème de confiance majeur.

Croyez-vous que l’on assiste à une guerre des devises, afin de relancer les exportations des pays dont la zone euro ne fait pas partie? Quelles sont les conséquences mondiales d’un tel affrontement sur le long terme?

J’aurais tendance à répondre que la guerre des devises est permanente depuis l’instauration d’un système de changes flottants mais le Japon a mis en place les conditions favorables à un retour de la volatilité sur ce marché fin 2012.

La guerre des devises s’est effectivement intensifiée à la fin de l’année dernière, dans l’archipel nippon, avec le changement de gouvernement et la nomination du nouveau gouverneur de la banque centrale (BoJ). Ces derniers ont décidé de relancer la compétitivité du pays, les exportations et de viser un objectif d’inflation de 2% en mettant en place une politique monétaire ultra accommodante. Le G20 n’ayant pas “condamné” cette politique, il est peu probable que l’affaiblissement du yen s’arrête. Cette guerre des changes implique d’autres pays tel que la Suisse qui protège l’appréciation du franc suisse face à l’euro sur le niveau des 1.2000. C’est une intervention directe sur la devise. Les pays émergent pourraient également se joindre à ce conflit et notamment les pays de l’Amérique du Sud qui se disent prêt à agir pour défendre leurs devises et empêcher qu’elle s’apprécie trop fortement ce qui pénalise les exportations sur lesquelles ces pays ont en partie bâti leur modèle de croissance.

Les politiques monétaires accommodantes devraient donc se poursuivre en 2013, plus particulièrement dans les pays les plus touchés par la crise ou encore dans ceux qui ne veulent pas voir leur compétitivité s’amenuiser. Cette continuité devrait entretenir inévitablement la volatilité sur le marché des changes

Pour conclure, on peut également dire que l’euro n’est pas surévalué en ce moment face au dollar (actuellement aux alentours de 1.3000$).

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