Le FMI a récemment proposé face à l’endettement massif des pays occidentaux, en moyenne de 110% du PIB, du jamais vu depuis 1880, une véritable cure de choc avec une ponction des plus hauts revenus en une seule fois afin d’éponger la note salée laissée par la crise et par des années d’atermoiements politiques dans plusieurs pays.
Cette dernière recommandation du FMI a toutefois peu de chances d’aboutir, l’organisation internationale étant de nouveau reléguée à un rôle d’observateur depuis le début du mandat de la Française Christine Lagarde.
Pour autant, une approche similaire à celle préconisée semble déjà être mise en place par certains gouvernements. Le sauvetage de Chypre, avec la ponction appliquée sur les dépôts supérieurs à 100 000 euros, est certainement l’exemple le plus frappant d’une expropriation des épargnants afin de faire face à l’endettement public.
Des solutions aussi plus subtiles sont expérimentées, notamment en Pologne. Depuis la fin de l’ère communiste, le pays est connu pour être un fervent défenseur du capitalisme et fait partie de ceux qui ont un comportement vertueux en matière de gestion des finances publiques, avec un déficit qui ne peut excéder 60% du PIB comme c’est inscrit dans la Constitution polonaise.
Toutefois, une décision assez inattendue de la part du gouvernement de centre-droit éveille désormais l’inquiétude des investisseurs. En effet, une loi qui va être présentée à la Diète prévoit de transférer l’ensemble des bons gouvernementaux détenus par des fonds de pension privés, essentiellement gérés par des entités étrangères, vers l’Etat en février prochain. Cette mesure est présentée officiellement comme un simple changement comptable mais de nombreux voix parmi les milieux d’affaire et même au sein du gouvernement l’assimilent à une expropriation pure et simple digne de l’ère communiste.
Parmi les plus fervents détracteurs, on retrouve l’ancien ministre des Finances, Leszek Balcerowicz, surtout connu pour sa thérapie de choc dans la foulée de la chute du régime communiste. Il considère que cette décision va faire peser des risques élevés sur les pensions de retraite des Polonais et également inciter les investisseurs étrangers à réfléchir à deux fois avant de placer leur argent dans le pays.
Beaucoup d’observateurs considèrent que ce transfert d’actifs vers l’Etat vise surtout à alléger le poids des mesures de consolidation budgétaire à l’approche des élections de 2015. En effet, grâce à cette nationalisation des fonds de pension privés, la dette publique devrait diminuer automatiquement d’environ 8 points de pourcentage, ce qui n’est pas négligeable.
Le gouvernement cherche ainsi à afficher sa bonne gestion des finances publiques tout en essayant de s’octroyer les faveurs des électeurs. La situation politique en Pologne est tendue depuis le début de l’année: dimanche dernier, le maire de Varsovie, Hanna Gronkiewicz-Waltz, a fait l’objet d’un référendum visant à la destituer, ce qui a été clairement considéré par les analystes politiques comme un moyen détourné d’atteindre le Premier ministre Donald Tusk.
Il n’est cependant pas certain que les électeurs soient sensibles à cette nationalisation des actifs détenus par les fonds de pension privés et, pour qu’elle ait lieu, encore faut-t-il le feu vert de la Commission Européenne qui peut demander des changements substantiels.