C’est certainement à maints égards la réunion de banque centrale la plus importante de ce début d’année. Encore plus que celle de la Réserve Fédérale la semaine passée. L’enjeu pour la zone euro est de prouver aux acteurs de marché que le scénario tragique d’une déflation ne va pas se matérialiser, avec les conséquences néfastes que l’on sait. Il suffit de se pencher quelques minutes sur l’évolution économique du Japon ces dix dernières années pour s’en rendre compte.
De fait, Mario Draghi et ses collègues n’auront manifestement d’autre choix que d’envoyer un signal fort. Ce qui devrait se traduire par un nouvel assouplissement de la politique monétaire. Dans quelle ampleur ? Nul n’est en mesure de le dire. Les thèses actuelles font état d’une baisse des taux qui pourrait être comprise entre 5 points de base et 15 points de base. L’hypothèse haute parait la plus vraisemblable surtout si la BCE ne veut pas être accusée de frilosité, ce qui pourrait avoir un effet sur les cours des actifs financiers contraire à ce qu’elle attend.
Mais là n’est pas réellement l’enjeu premier de cette réunion. En fait, deux autres sujets vont davantage attirer l’attention: la possibilité de se diriger vers des taux de dépôt négatifs, une option qui est évoquée depuis le printemps dernier plutôt timidement, et aussi l’hypothèse d’un arrêt de la stérilisation des rachats d’obligations, proposition faite par la Bundesbank, en raison de l’échec réel et constaté de ce programme.
Pour l’euro, nous sommes face à une des situations certainement les plus extraordinaires depuis au moins les quatre dernières années. Cette réunion de la BCE pourrait confirmer un vaste signal de vente de l’euro ce qui conforterait notre objectif à un an autour de 1.25 face au dollar américain.