Mais que faut-il comprendre derrière cette manoeuvre ?
Depuis cette date les cours de cette paire n’ont jamais réellement décollé de ce plancher ce qui prouve son utilité et la notion de valeur refuge du franc suisse. Ainsi l’économie suisse a été protégée pendant plus de trois ans d’une trop forte évaluation de sa monnaie qui aurait eu des conséquences directes, notamment le renchérissement des exportations et des conséquences néfastes sur le tourisme.
Le seul moyen efficace pour la BNS de maintenir le taux de change lors de pressions baissières est d’augmenter la demande d’euros en achetant des titres de dettes ou directement des euros avec sa propre monnaie. Ainsi puisque le Forex est une représentation plutôt bonne de l’offre et de la demande à un instant T, le cours de change remonte mécaniquement.
Seulement les plans de relance monétaire de la BCE n’ont eu pour effet que d’affaiblir la BNS, obligée d’intervenir massivement pour maintenir le taux plancher. Il semblerait que la principale raison de l’abandon de celui-ci soit la difficulté croissante de la BNS à maintenir ce taux alors que la plupart des analystes anticipent un nouveau plan de quantitative easing lors de la prochaine réunion de la BCE le 22 janvier.
Un autre moyen permettant de potentiellement limiter la baisse des cours aurait été de pratiquer le même type de politique monétaire pour la Suisse. Seulement l’économie ne s’y prête pas et la BNS n’est pas réputée non plus interventionniste pour ce qui est de l’expansion monétaire. Toutefois lors de son communiqué celle-ci a tout de même annoncé une baisse de 0,5 point de son taux directeur pour semble-t-il essayer de contenir la baisse. Finalement les cours ont d’abord chuté de 2500 pips, du jamais vu pour cette paire qui a temporairement perdu 50% de sa valeur avant de se maintenir autour de 1.02 CHF par euro (baisse d’environ 20% par rapport au plancher).
Dans l’attente d’une stabilisation des cours les marchés financiers et pas seulement le Forex ont été très fortement affectés aujourd’hui ; notamment l’indice boursier Suisse (SMI) qui a très fortement chuté (-8,67% !) en raison principalement de l’inquiétude sur la capacité d’exportation des sociétés suisses.
Il est presque impossible d’émettre des prévisions et des objectifs de cours pour ce cross qui a été longtemps contrôlé. La volatilité devrait rester élevé pour les jours qui viennent avant que les cours ne trouvent un niveau d’équilibre pour l’offre et la demande réelle (hors spéculation excessive).