Au jour d’aujourd’hui la dette de la Grèce représente environ 180% de son PIB soit un peu plus de 320 milliards d’euros. La troïka (FMI, commission européenne et BCE) ne cesse d’imposer à la Grèce des mesures plus restrictives pour réformer le système économique et financier du pays et ainsi remettre le pays sur les rails. Seulement après la réduction de la dette (ou haircut) intervenue en 2011, la dette grecque est portée par deux types “d’investisseurs” : les organismes publics européens et mondiaux, et les banques grecques. La troïka a donc les pleins pouvoir pour imposer ses réformes puisque c’est elle qui prête directement ou indirectement les fonds nécessaires au financement de la vie quotidienne du pays ; on parle d’ici d’aide financier conditionnel.
L’arrivée de Syriza au pouvoir
L’arrivée de ce parti d’extrême gauche au pouvoir, anti austérité, change quelque peu la donne. En effet peu après sa prise de fonction, le nouveau ministre des finances grec a annoncé vouloir renégocier la dette du pays avec ses créanciers. Quelques jours plus tard il dévoila un plan composé d’un ré-echelonnement d’un partie de la dette, et d’une conversion en titres perpetuels pour le reste. L’annonce a eu l’effet d’une bombe sur les marchés, propulsants les cours à la hausse comme à la baisse en fonction des anticipations des investisseurs. Il faut bien comprendre ici que quelque soit le mode de renégociation, ce n’est jamais bon pour les créanciers, qui sont en grande majorité les institutions européennes. En effet même si les banques grecques achètent des titres de dette grecque, un décret leur permet de les déposer à la banque centrale européenne en dépôt pour se refinancer. C’est donc la BCE qui porte la quasi totalité du risque en cas de défaut de paiement.
La réponse de la BCE ne s’est pas faite attendre
Pour marquer le coup et faire comprendre aux dirigeants grecs que tout n’était pas permis et que les règles budgétaires de la zone sont applicables à tous, la BCE a pris une mesure inédite le 4 février 2015. Afin de montrer son opposition aux premières mesures anti austérité du gouvernement et parcequ’elle ne veut pas porter un risque inconsidéré, la BCE a décidé de suspendre sa mesure de refinancement des banques grecques, paralysant potentiellement une partie de l’économie du pays si elles ne trouvent pas de moyen de se refinancer. La seule solution réside maintenant dans un système d’aide d’urgence de la banque centrale grecque et régi par la BCE.
Du fait qu’il s’agisse d’un plan temporaire et que la BCE peut y opposer son véto à tout moment, la pression est très forte sur le gouvernement pour aboutir rapidement à un compromis avec les autorités européennes et le FMI. Si aucune solution n’est trouvée dans les prochaines semaines, la situation deviendrait desastreuse pour un pays déjà miné par 7 ans de crise et de récession.