Après le mauvais tour joué par les ministres des Finances de l’eurozone, le marché des changes a sanctionné l’euro qui s’est effondré hier face au dollar et apparait toujours en mauvaise position aujourd’hui. D’ailleurs, la monnaie européenne n’est en hausse que face à 3 de ses 16 principales contreparties selon les données fournies par Bloomberg aux investisseurs. L’affaiblissement est généralisé et il est à la hauteur de la déception des investisseurs et probablement de la Grèce.
Le marché considérait comme acquis hier le déblocage de la prochaine tranche d’aide à la Grèce, à hauteur de 44 milliards d’euros, mais finalement, les discussions se sont éternisées et le Premier ministre luxembourgeois, Jean Claude Juncker, a affirmé que des pourparlers supplémentaires sont nécessaires. Rendez-vous est donné aux marchés financiers lundi prochain.
L’Europe a une nouvelle fois envoyé un très mauvais signal aux investisseurs mais aussi à son partenaire grec. Ce nouveau camouflet pour Athènes pourrait déstabiliser davantage la fragile coalition au pouvoir et entraîner dans le pire des scénarios de nouvelles élections législatives. Ce qui remettrait automatiquement en cause tous les acquis des derniers mois.
Les cambistes ont bien conscience des dangers qui planent sur la zone euro et s’ils ont relativisé la dégradation de la note de la France, ils ne vont certainement pas faire l’impasse sur ces nouveaux déboires de la Grèce.
L’aversion au risque a donc repris de nouveau sur le marché des changes. La preuve: le Dollar Index se rapproche d’un plus haut de deux mois sur le marché et les devises jugées à risque, comme le rand sud-africain par exemple, s’effondrent littéralement.
L’autre fait de l’actualité, c’est l’affaiblissement du yen face au dollar américain et aussi face à l’euro. C’est une bonne nouvelle pour les cambistes qui se désespèrent du niveau élevé de la devise nippone. Cette baisse a eu lieu alors que le pays a annoncé une chute des exportations de 6.5% en octobre sur un an, le déficit commercial nippon atteignant désormais 549 milliards de yens, c’est largement au-dessus du consensus des marchés qui était à seulement 360 milliards. Cet indicateur a donc le mérite de pousser un peu plus la devise nippone dans ses retranchements. Toutefois, il faudra rester attentif sur le court terme à l’évolution de la paire USDJPY. En effet, le RSI à 14 jours est au-dessus du niveau de 70 graphiquement pour la quatrième journée consécutive. Certains traders considèrent que c’est le signe d’un revirement de tendance.
L’aversion au risque pourrait aussi éventuellement favoriser le yen en cas de dégradation plus importante de la situation au Proche-Orient. Un attentat revendiqué par le Hamas contre un bus à Tel Aviv aujourd’hui remet en cause une possible trêve et l’escalade de la violence pourrait conduire le gouvernement israélien à intervenir de manière terrestre dans la bande de Gaza. Jusqu’à présent, le marché des changes a été épargné par les remous dans la région mais si la situation persiste, alors les investisseurs pourraient s’en inquiéter.
Dans l’immédiat, le marché des changes va rester attentif à l’évolution des discussions concernant le “mur budgétaire” aux Etats-Unis. Une pause est prévisible à l’occasion du Black Friday. Aussi, les revendications chômage sont attendues à 14h30 avant la publication de l’indice de confiance de l’Université du Michigan. D’un point de vue macroéconomique, la séance est calme sur le marché des devises.