Comme prévu, la réunion du Conseil des gouverneurs s’est conclue sur un statu quo monétaire mais Jean Claude Trichet, lors de sa traditionnelle conférence de presse, n’a pas déçu les espoirs des marchés financiers.
En effet, le président de la BCE a clairement adopté un ton beaucoup plus agressif vis à vis de l’inflation, affirmant que les perspectives de hausse des prix sont passées désormais à 2.3%, soit un peu au-dessus de la barre fixée par Francfort. Souhaitant tout faire pour faire régresser l’inflation rapidement, le français a laissé entendre qu’un relèvement monétaire pourrait survenir dès avril.
Un relèvement de 25 points de pourcentage serait toutefois largement suffisant pour accroître le différentiel de taux entre les deux bords de l’Atlantique alors que la Fed pratique une politique de taux zéro et semble largement s’en accomoder comme l’a laissé entendre mardi devant le Sénat Ben Bernanke.
La perspective d’une hausse du loyer de l’argent dans la zone euro a fait mouche sur le marché des changes, poussant l’euro à seulement quelques pips de 1.40 dollar. Un niveau inattendu alors que de nombreux experts s’attendaient à une année placée sous le signe du billet vert.
Pour autant, rien n’assure que la monnaie unique européenne réussira dans les jours qui viennent à franchir ce seuil stratégique. En effet, seuls les non-farm payrolls demain pourront éventuellement permettre un renforcement de l’euro. Pour l’instant, les experts s’attendent à une hausse du chômage à 9.1%. Si cette hausse se confirme, soit un mouvement de repli vers les valeurs refuge favorisera paradoxalement le dollar US, soit l’euro bénéficiera d’un désengagement des investisseurs vis à vis du billet vert. Quitte ou double.