Au cours du sommet européen des 22 et 23 octobre, consacré à la résolution de la crise souveraine européenne, le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, a eu droit à une leçon politique peu appréciable de la part de Paris et de Berlin, tellement peu appréciée qu’au lendemain du sommet, le dirigeant italien avait rédigé une lettre amère publiée sur le site officiel du gouvernement, rappelant entre autres que l’Italie est un pays indépendant qui n’avait pas besoin de recevoir des leçons de la part de ses autres partenaires européens.
Alors que l’avenir politique du Cavaliere est compté, l’avenir économique et financier de l’Italie est largement compromis, avec une dette qui avoisine 120% du PIB et surtout une croissance en berne.
Dans une récente note de recherche, les experts de la Société Générale dresse le tableau, peu réjouissant, des problèmes à venir de l’Italie, nouveau “mouton noir” de l’EuroZone en se basant sur un scénario de récession pour la période 2012-2013:
– poursuite de la montée du chômage
– diminution des prêts
– poursuite de l’inflation qui a atteint 3.6% sur un an en septembre dernier
Pour ces experts, les solutions à mettre en oeuvre sont simples, à savoir se concentrer sur la poursuite des réformes, avec déjà un accord avec La Ligue du Nord sur les retraites, avant de s’attaquer directement à l’austérité.
Parmi les réformes envisagées:
– l’accroissement de la flexibilisation du marché du travail afin, notamment, de permettre aux jeunes travailleurs d’y entrer. Une décentralisation des négociations salariales serait également envisageable
– accroître très substantiellement les efforts en matières de R&D, via notamment des incitations fiscales, afin de rendre enfin les entreprises italiennes compétitives sur le marché mondial
– entamer un processus de privatisations qui n’est pas aussi essentiel que cela car l’impact économique et financière ne devrait être que très mince
Cependant, avant d’aboutir à un scénario de reprise, ou même d’envisager la mise en place des réformes prodiguées, de nombreux obstacles se dressent, comme le fait justement remarquer cette note de recherche de la banque française.
“Alors que le processus de réduction du déficit est enfin en cours, le processus de réduction de la dette est à peine ébauché et reste soumis à des risques importants. Selon nos estimations, l’Italie a besoin d’un excédent primaire d’au moins 3% afin de stabiliser son ratio d’endettement, et de 5.5 à 6% afin de le rendre crédible pour les marchés. Surtout, seules des réformes qui seront capables de ramener au moins la croissance à 1.5% en rythme annuel permettront réellement d’inverser durablement la tendance sur la dette italienne”.
L’austérité n’est ainsi pas la seule voix. Une leçon qui devrait être largement méditée pour le cas grec.