Comme anticipé par les cambistes, la Banque du Japon a annoncé pour la deuxième fois en deux mois une extension de son programme de rachat d’actifs de 11 trillions de yens (environ 138 milliards de dollars) à 66 trillions à la suite de la réunion du comité de politique monétaire. L’annonce de la banque centrale est conforme au consensus puisque le journal Nikkei avait évoqué il y a quelques jours la somme de 10 trillions de yens.
Ce n’est pas pour autant que le yen a perdu du terrain face aux principales monnaies. En fait, la devise a atteint 79.28 face au dollar, son plus haut niveau depuis le 22 octobre et gagnait 0.2% face à l’euro autour de 102.77.
Cette hausse du yen s’explique d’abord par une certaine déception des cambistes qui considèrent que la banque centrale aurait au moins pu aller jusqu’à 15 trillions de yens. Egalement, les conséquences encore incertaines de l’ouragan Sandy sur l’économie américaine et les échanges mondiaux ont incité les investisseurs les plus prudents à se reporter sur les valeurs refuge, en premier lieu le yen japonais.
La Banque du Japon s’est également exprimé sur les perspectives économiques. Vraisemblablement, le pays ne sera pas en mesure d’atteindre la cible de 1% d’inflation avant au moins mars 2015. Les prix à la consommation devraient donc augmenter de 0.4% sur l’année commençant à partir d’avril prochain et de 0.8% pour l’année fiscale 2014. Ces chiffres confirment que le pays est dans une phase de déflation.
Par ailleurs, la production industrielle a encore diminué de 4.1% en septembre, selon les données du gouvernement, soit au-delà du consensus des économistes interrogés par Bloomberg. La tension autour de la force du yen est préoccupante. Le CEO de Nissan Motor, Carlos Ghosn a ainsi déclaré que son entreprise pourrait devoir quitter en partie le Japon afin de faire face à la hausse du yen. Pour l’homme d’affaires, le niveau de 100 yens pour un dollar serait un niveau idéal. On en est loin.
Dans l’ensemble, les milieux d’affaires et certains économistes appellent la Banque du Japon à prendre des mesures nettement plus agressives pour que le pays retrouve sa compétitivité, en intervenant notamment directement sur le marché des changes pour faire évoluer plus rapidement le taux de change de l’USDJPY.
Une intervention dans ce sens n’est pas exclue, et certains responsables politiques nippons semblent y être favorable mais, jusqu’à présent, la Banque du Japon a souhaité évité cette mesure qui peut être finalement inefficace en l’absence de coordination avec les autres banques centrales.
Les statistiques qui sont attendues dans le reste de la journée ont toutes les chances d’accroître l’aversion au risque, ce qui devrait se traduire par une hausse du yen. En Allemagne, le nombre de demandeurs d’emplois devrait avoir augmenter de 10 000 en octobre selon le consensus. Par ailleurs, le consensus confirme jusqu’à présent la récession de l’Espagne avec une chute du PIB estimée à 0.4% au troisième trimestre. Les chiffres définitifs vont tomber dans les heures à venir.