Que la FED décide de commencer à réduire son programme d’assouplissement quantitatif ce mois-ci, en janvier ou encore en mars, cela importe peu. Tous les cambistes savent que la banque centrale américaine va le faire et le timing, à quelques mois près, n’a que peu d’effet réel sur les taux de change. Le tapering, comme on l’appelle en anglais, est déjà en grande partie intégré dans les prix sur le forex.
Le vrai enjeu de la réunion de la FED des 17 et 18 décembre est en réalité de savoir si le retour progressif à une politique monétaire plus conventionnelle va avoir une influence sur l’évolution des autres paramètres pris en compte par le FOMC.
Autrement dit, est-ce que la FED va aussi modifier le palier qu’elle a adopté pour le taux de chômage et / ou le taux d’inflation. Ces paliers, qui font partie intégrante du forward guidance mis en oeuvre avec la crise, sont d’une importance cruciale pour les investisseurs car ils offrent un crédit réel aux mesures prises. Surtout, ils permettent de jouer sur les anticipations des acteurs de marché maintenant au passage les taux d’intérêt à long terme très bas ce qui facilite l’accès au crédit.
Afin de conserver cette optique accommodante, la banque centrale pourrait décider, selon plusieurs banques de Wall Street, de revoir à la baisse le niveau minimum du taux de chômage nécessaire pour envisager une hausse des taux d’intérêt. Ce niveau pourrait passer de 6.5% à l’heure actuelle à 6%. Le tapering, qui devrait être modeste dans un premier temps, pourrait ne pas modifier fondamentalement le positionnement sur les marchés financiers des investisseurs.
L’autre option évoquée est la suivante: la FED pourrait signifier qu’il n’y aura pas de hausse du taux directeur tant que l’inflation restera en dessous d’un certain niveau. C’est une hypothèse moins probable mais qui fait cependant sens car elle permettrait de rassurer les investisseurs.
On l’a compris, l’enjeu de la réunion de la semaine prochaine n’est pas tant de savoir si la FED va annoncer ou pas une modification du montant de ses rachats d’actifs mais plutôt de savoir si elle va réaffirmer, avec de nouveaux objectifs, sa posture très accommodante.