La réunion du G7 n’aura pas abouti à des conclusions significatives, comme prévu. Ce rassemblement des ministres des finances et des gouverneurs des banques centrales pourrait plus s’apparenter parfois à une rencontre informelle autour d’un thé qu’à une réunion de techniciens et de dirigeants internationaux en raison de l’absence de prise de décision. En effet, il suffit de s’attarder quelques minutes sur le communiqué final, plus que consensuel, pour constater une inertie inquiétante.
Certes, à l’instar des réunions précédentes, les membres présents, menés par les Etats-Unis, ont appelé pour la énième fois la Chine à augmenter plus rapidement le cours de sa devise, le yuan. La surprise est venue donc d’ailleurs : de la réaction des pays européens, particulièrement de la zone euro, face à la politique monétaire suivie par Washington.
En effet, la plupart des dirigeants européens, que ce soit par la voix du secrétaire d’Etat aux affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet, ou du secrétaire d’Etat allemand aux finances, Thomas Mirrow, tous se sont accordés pour dénoncer l’unilatéralisme de la Réserve Fédérale dans sa lutte pour résorber la crise économique. En effet, l’euro fut sonné suite à la baisse à deux reprises du taux de la Fed en une semaine, baisse effectuée sans concertation avec les autres banques centrales. L’euro pâtit ainsi de sa vigueur sur le marché des changes. Les gouvernements de l’euroland s’inquiètent à juste titre du manque de compétitivité de leurs économies face au dollar. C’est donc la raison pour laquelle, ils s’efforcent d’exprimer, avec prudence cependant, leur inquiétude à leur interlocuteur américain.
Le problème pour les européens est double en fait. D’une part, en raison de l’indépendance de la BCE, les gouvernements de la zone euro ont perdu leur souveraineté monétaire et peinent à avoir prise sur les décisions de l’institution. C’est un problème de long terme qui ne fait que ressurgir en raison de la crise actuelle. D’autre part, le problème urgent auquel les européens doivent s’atteler est d’apporter une réponse au ralentissement économique. Le FMI préconise aux pays ayant accumulés des excédents budgétaires de tolérer de nouveau et cela provisoirement des déficits afin de renforcer une croissance chancelante.
Cependant, comme l’ont fait remarqué certains dirigeants européens, cette situation ne peut pas s’appliquer à tous les pays. Certains pays, en effet, ne peuvent pas prévoir un plan de relance de l’ampleur de celui formulé par Washington. L’état de l’économie au Royaume Uni est plus qu’alarmant par exemple et pèse fortement sur la livre sterling. Le gouvernement est totalement impuissant face à la crise car il est dans l’impossibilité de mobiliser des fonds. La situation en France est certes moins inquiétante mais l’incertitude demeure néanmoins. La balle est maintenant du côté de la BCE qui doit s’efforcer de trancher entre croissance et inflation.