Le G20 agricole fut présenté par la Présidence française comme l’opportunité idéale afin de réguler le marché des matières premières en garantissant une meilleure répartition des ressources et afin d’éviter la formation de bulles spéculatives qui propulsent les prix, notamment des denrées alimentaires, vers des records. Cependant, les ambitions n’ont, une nouvelle fois, pas conduit à des résultats concrets et à des solutions originales. La mesure phare d’une régulation du marché des matières premières fut mise entre parenthèse afin qu’elle soit, officiellement, gérée par les banques centrales et les ministères des Finances. En d’autres termes, ce rejet de balle revient tout simplement à enterrer une quelconque évolution sur le sujet. Le G20 agricole a donc abouti à des gadgets qui n’influenceront que modérément sur la production et sur les cours.
Face à l’incapacité du pouvoir politique de prendre les décisions qui s’imposent, les spéculateurs ont encore de beaux jours devant eux et les prix des matières premières ont encore une belle marge d’évolution à la hausse.
Puisque l’analyse économique nous apprend que le capitalisme évolue cycliquement en fonction des crises qui, un peu paradoxalement, le renforce, nous n’avons plus qu’à attendre la prochaine crise financière. Sans surprise, après Internet et l’immobilier, elle devrait surgir du marché des matières premières dont l’évolution au cours des dernières années inquiète de plus en plus d’économistes. C’est une énième fois l’ingénierie financière qui pourrait être la cause du déclenchement d’une nouvelle hécatombe financière, avec un produit de plus en plus phare en Europe, les ETF (Exchange Traded Fund), non évoqués au G20 et qui sont déjà assimilés par certains experts à des produits toxiques, à l’instar des subprimes.