Grâce à ses fondamentaux économiques solides, la Suède a su défier la crise économique et financière mondiale. Le pays bénéficie aujourd’hui d’un taux de chômage plus bas que la moyenne européenne et son objectif est celui d’un plein emploi couplé à une stabilité des prix. L’année 2012 a bien commencé. Pour contrer le ralentissement déjà confirmé, le pays entreprend des mesures visant à améliorer la situation économique sur le long terme. Déjà, en 1990, le modèle suédois a su entreprendre d’importantes coupes budgétaires pour dompter son taux de chômage et rétablir son économie. Qu’en est-il aujourd’hui ?
L’économie suédoise aujourd’hui et l’impact modéré de la crise mondiale
Il faut savoir que l’ouverture de l’économie suédoise a été amorcée par son entrée dans l’Union Européenne en 1995. Elle présente un taux de 90% (le double de la France). L’effondrement de la demande mondiale qui a résulté de la crise économique de 2008 a fortement affecté la Suède et le pays reste dépendant de la santé économique de ses principaux partenaires commerciaux, les Etats-Unis et l’Europe.
C’est l’effet retardé de la dépréciation de la couronne qui a permis à la Suède de bénéficier du rebond de ses exportations et d’enregistrer ainsi une croissance de 5.6% en 2010. Mais si après la crise de 2008, la baisse du cours de la couronne a permis aux exportations de rebondir, la crise a cependant durablement touché les marchés financiers suédois. La croissance, principalement soutenue par l’investissement et le commerce extérieur, s’est maintenue en 2011 autour de 4 % mais le ralentissement pour 2012 semble se confirmer autour de 1.3%. La baisse des taux d’intérêt devrait éviter l’entrée du pays en récession.
Pour mieux comprendre les enjeux suédois, un petit rappel historique s’impose: la crise du début des années 90, caractérisée par un effondrement de la bulle immobilière, une hausse du taux de chômage (+10%) et des déficits publics atteignant les 12% du PIB, a donné lieu à d’importantes réformes structurelles parmi lesquelles un objectif annuel d’excèdent des finances publiques de 1%.
Les banques suédoises sont aujourd’hui bien capitalisées. Elles sont très peu exposées aux risques souverains des pays voisins en difficulté et les finances publiques sont excellentes. En effet, après un excédent de 2.2% du PIB en 2008, le déficit public a atteint les 0.7% en 2009. La consommation des ménages, la politique de stimulation du marché du travail et la compétitivité vivifiée par la dépréciation de la couronne suédoise ont eu raison du déficit budgétaire en 2010. On observe même un retour à l’excédent dès 2011 (0.7%). Aujourd’hui la dette publique est inférieure à 36.3% du PIB ce qui met la Suède en tête des pays d’Europe les moins endettés. La bonne posture des finances publiques a été un atout majeur pour la Suède et c’est ce qui la distingue des autres pays de l’OCDE.
Aujourd’hui la situation économique suédoise ne remet pas en cause la solidité du modèle national. Pour s’en convaincre, regardons l’évolution des chiffres suédois: le chômage est passé de 8/3% de la population active en 2009 à 7/5% en 2011 avec une prévision de stabilité en 2012 et de 7% en 2013. L’inflation semble maitrisée et passe de -5.1% en 2009 à 4.1% en 2011 avec une prévision à 1.3% pour cette année. Bien que la croissance ne suive pas la même tendance elle devrait rester bien au-dessus de la moyenne européenne (0.2%). La menace de récession est évitée.
Intérêt pour la couronne et le modèle suédois
Le succès de la croissance suédoise lui vient d’un modèle qui a érigé sa force sur son adaptabilité, la valorisation de l’enseignement et de la recherche, cumulés à une compétitivité inégalée. Depuis 1930, le célèbre modèle suédois repose sur le dialogue social et malgré les réformes des années 90, il perdure.
Les dépenses en recherche et développement représentent 4% du PIB suédois et demeurent supérieures à celles de l’UE (3%). Les technologies vertes restent le principal investissement du gouvernement. Conséquence directe de ces investissements dans le développement, les exportations du pays font la santé de sa balance commerciale. Ainsi, la Suède se place au 3ème rang des pays les plus compétitifs. Sa croissance est tirée par l’innovation, certes, mais le pays a réussi à faire de ses institutions publiques des institutions de qualité, efficaces.
Si il y a 10 ans, les investissements sûrs étaient faciles à trouver, aujourd’hui ce n’est plus le cas. Les nouvelles perspectives des rendements obligataires américains, britanniques et allemands ont diminué, les poussant à s’orienter hors de ce marché. Depuis la crise de 2008, l’endettement de nombreux Etats, leurs faibles croissances et l’ampleur des déficits budgétaires leurs ont valu la dégradation des notes attribuées par les agences de notation. On peut par exemple citer la France, l’Autriche et les Etats-Unis. L’ensemble des pays scandinaves vont quant à eux conserver leur classement actuel, AAA. Les investisseurs cherchent désormais des valeurs refuges sûres et malgré le soutien des banques centrales, la confiance des investisseurs reste volatile dans les pays du sud de l’Europe. Pour mieux réaliser l’ampleur des événements, regardons de plus près les chiffres de 2011: l’endettement net en pourcentage du PIB s’élève à 36% pour la Suède contre 83% en Allemagne et 121% en Italie. Outre la faible dette publique, la force du modèle scandinave repose sur l’équilibre du budget des ménages, la maitrise du taux d’inflation, la stimulation de la croissance et un taux d’épargne élevé. Pour limiter l’impact de la crise en zone euro, la banque centrale suédoise abaisse son taux d’intérêt à l’heure où l’endettement s’accentue.